Quel est l’impact des fermes d’algues sur les espèces locales et le milieu ?
Une réponse de Loïc Antoine, spécialiste des ressources halieutiques :
Pour créer et faire fonctionner une ferme d’algue, la première nécessité est d’y cultiver des algues locales, dites indigènes (voir la question suivante). On sait par expérience que l’introduction d’une algue qui n’existe pas sur le lieu d’implantation crée le risque d’invasion de cette nouvelle espèce au détriment des algues locales et de l’environnement marin. Par exemple, dans les années 1970 on a volontairement introduit le wakame Undaria pinnatifida, une algue originaire de l’océan Pacifique, pour la cultiver à des fins alimentaires, notamment à Ouessant. La ferme a disparu pour des raisons économiques car il n’y avait pas de débouchés à l’époque, mais cette algue a envahi certaines structures rocheuses ou artificielles, comme des piliers de port à St Malo. Ceci est dû à la très grande propension de cette algue à se développer et se disséminer lorsqu’elle trouve des conditions favorables. Son introduction, involontaire cette fois, s’est aussi faite dans l’étang de Thau en même temps que des huîtres importées du Pacifique. Cette algue est devenu une gêne très importante pour l’ostréiculture dans l’étang de Thau.
Le risque d’invasion est bien moindre voire inexistant si on cultive des algues locales, et il en existe de nombreuses en Bretagne, dont la consommation est maintenant répandue. Les fermes d’algues ne sont pas polluantes car il n’est pas besoin d’apport d’aliment ni d’engrais. Les risques sont plutôt pour la navigation, c’est pourquoi le balisage des installations en mer et l’ancrage des filières de cultures doivent être faits selon des normes qui ont été décidées et fixées de manière réglementaire.